mercredi 6 janvier 2021

Voeux

 

Victor Hugo à Veules
 En septembre 1882, en villégiature en Normandie, Victor Hugo offre un banquet aux enfants de Veules Les Roses.

« Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera »


C'est avec ces quelques mots de Victor Hugo,

qui témoignent d'une confiance certaine en l'avenir,

que je vous souhaite une bonne année 2021.



Antoine Nuytten

 

 

 

 

dimanche 5 avril 2020

Noms des Enfants Trouvés

Chaque généalogiste se trouve tôt ou tard confronté au "problème" des enfants abandonnés. 

La consultation du dossier d'abandon est souvent riche en enseignements et j'avais consacré à cela un précédent billet : dossiers d'enfants assistés

Reste la question des noms donnés aux enfants trouvés... L’attribution de celui ci relève de l'autorité qui recueille l'enfant : autorités religieuses avant la révolution ou Assistance Publique depuis.

Sous l'Ancien Régime, l'attribution d'un prénom comme nom de famille semble avoir été chose courante : on pouvait choisir le prénom du saint du jour, ou utiliser celui de la personne qui avait découvert l'enfant (et qui souvent en devenait le parrain ou la marraine).

A l'entrée de l'Hôpital de Rouen, rue de Germont, 
le tour est toujours visible.
Après la Révolution le nom de famille est, dans la grande majorité des cas, inventé. Dans les grandes villes, qui comptaient plusieurs centaines d'enfants abandonnés chaque année, l’imagination du personnel de l'Assistance Publique était mise à rude épreuve pour trouver des noms différents pour chacun !

Ainsi à Rouen au XIXe siècle on attribuait aux dix premiers enfants de l'année un nom commençant par la lettre "A", un nom commençant "B" aux dix suivants et ainsi de suite. Pour le seul mois de janvier 1862, par exemple, on relève : "ACEZ, ACOUL, ACELIN, ACANTE, ACELET, ACERTE, ACIS, ACOURT, ACORT, BROU, BROUILLE, BROUTILLE, BROLLE, BROSSIN, BRONE, CURIS, CURIERE, CURSIVE, CURVIL, CURIAL, CUME, DOLIN, DOLETTE, DOLE, DOLONT, DOLOSE, DOLIGNY, DOLEVILLE, DOLY, EBAR, EBEL, EBIR, EBOR, EBIER, EBEVILLE, EBELET"

Dans d'autres villes cependant on bâtissait parfois le nouveau nom sur les circonstances de l'arrivée de l'enfant : lieu ou heure de la découverte, linge qu'il portait, numéro de matricule qui lui fut attribué...

Le résultat n'était pas toujours heureux et le Ministre de la Justice, Joseph Chaumié, s'en inquiéta, comme le montre cet article paru le 7 janvier 1906 dans le journal "Le Pèlerin"


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Abandonnés. — M. Chaumié, ministre de la Justice, vient de recommander a l’Assistance publique de veiller au nom des enfants trouvés qui ne doivent pas être ridicules ni attirer l’attention par leur fantaisie.

Certains enfants, pauvres abandonnés, ont eu des parrains détestables, surtout au temps des tours. — Une petite fille trouvée à l’heure de midi, ou on sonnait la cloche, fut appelée Marie Alacloche; une autre, dont les linges étaient marqués I. I. I., se nomma Marie Troizi; il y eut encore Armand Quatrem, linge marqué M. M. M. M.; Annette Péesse, linge marqué P. S.; Sophie Dixmille et Julien Dixmilun, inscrits l’un et l'autre sous les numéros 10 000 et 10 001.

Souvent l'employé trouvait dans le tour deux enfants à la fois. Pour noter cette circonstance, il donnait à chacun d’eux la moitié du même nom : le mot Tonnerre devint le nom de Marie Ton et de Marie Nerre ; Peccadille, celui de Marie Peca et de Joseph Dille ; n’est pas baptisé, celui de Jean Népaba et de Marie Tisé, etc. — Un enfant abandonné dans une guérite de fonctionnaire fut appelé Danguérite.

ll se produit encore aujourd’hui pour les noms d’enfants trouvés des choix regrettables. — M. Chaumié a été bien inspiré, car c’est bien le moins que ces pauvres petits n’aient pas, encore qu'on les trouve dans la rue, un nom à coucher dehors. 

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mardi 24 mars 2020

Vidéos et Films Normands

Le cinématographe aussi a des archives !

Tournés par des professionnels ou des amateurs, les films intéressant l'histoire contemporaine de la Normandie sont nombreux et beaucoup sont disponibles sur internet.

Voici un petit tour d’horizon des différentes plateformes et de ce qu'il est possible d'y trouver.

(cliquer sur les titres pour voir les vidéos)

YOUTUBE

Sur cette plateforme l'offre est pléthorique : le plus dur est de s'y retrouver. Le moteur de recherche permet heureusement de trouver rapidement ce que l'on cherche. Les films normands sont nombreux, ceux liés aux bombardements de la Seconde Guerre et au Débarquement arrivent en tête. Vous y trouverez aussi des images des grandes villes, des grands monuments et des grands personnages : la vitrine de la Normandie en somme ! 


Les Archives Nationales Américaines (NARA) ont placés sur Youtube un très grand nombre de films tournés juste après le Débarquement, tel celui-ci qui immortalise le premier 14 Juillet post-occupation à Grandcamp.





Le Mont Saint Michel tel qu'on ne le voit plus aujourd'hui : au milieu d'un parking !







Tournées en 1915, les images de Claude Monet peignant dans son jardin de Giverny sont commentées en 1952 par Sacha Guitry pour son documentaire "Ceux de chez nous"







INA

Les Archives des l'INA, Institut National de l'Audiovisuel, permettent de retrouver les images tournées pour le petit écran.


On apprenait ce jour là le décès d'une "vedette" normande : La Mère Denis !






 

En 1958 pour rallier Caen au Havre, impossible de prendre le Pont de Normandie ni même le Pont de Tancarville... Le plus simple et le plus rapide était de laisser la voiture au garage et de prendre "la banane volante" !




Le site de l'Ina comporte aussi quelques films amateurs comme celui-ci qui retrace une visite familiale au Zoo de Clères. La fin de la pellicule présente quelques vues du Château de Gisors.  






Mémoire Normande

Depuis 30 ans, Normandie Image s'attache à collecter, numériser, conserver et faire connaitre des films tournés essentiellement par des amateurs et qui n'avaient pas, à l'origine, vocation a quitter les archives familiales. A ce jour 270 déposants ont constitué ce fonds de 3800 bobines tournées depuis les années 1920.   


Ce film amateur nous présente plusieurs fêtes animant Bayeux entre 1934 et 1935 : cavalcade, procession religieuse... et même un défilé d'éléphants !! Probablement ces images furent elles tournées lors du passage d'un cirque. La pellicule se termine sur des vues de la Loire et du Château d'Amboise. 




Autre fête, celle de Gournay en Bray en 1963, avec les Gilles du Carnaval de Binche. Sur ces images ils portent des paniers vides. Ordinairement ils contenaient des oranges que les Gilles distribuaient aux enfants (quand ils ne les lançaient pas, plus ou moins fortement sur les spectateurs !)




Ce film tourné entre 1950 et 1960 débute par le Marché aux Bestiaux de Saint Romain de Colbosc. Il nous emmène ensuite à Etretat, où se déroule une procession religieuse (Suisse en tête), puis sur les bords de Seine, où l'on prend le bac.





Archives Municipales du Havre

Si les archives municipales conservent souvent des films, peu nombreuses sont celles qui les mettent en ligne. C'est cependant le cas des AM du Havre qui partagent avec nous des images de la cité de François Ier et des communes environnantes.


Nous sommes ici dans la capitale de Belgique ! En 1915, en effet, le gouvernement belge s’était replié à Sainte Adresse aux portes du Havre.

cote : 4AV21




En 1964, le géant de l'industrie automobile fait construire ses chaines de montage à Sandouville.

cote : 4AV2/21






Ce film, dont on ignore la provenance et la date exacte, nous présente la "nouvelle" ville du Havre, telle qu'elle fut reconstruite par l'architecte Auguste Perret au lendemain de la Guerre.

cote : 4AV11





Bien sur de nombreux autres site proposent des vidéos normandes ! On en trouve même dans la Cinémathèque de Bretagne !


Voici Rouen au lendemain de la Guerre. On découvre sur ce film une vision spectrale du Palais de Justice éventré par les bombardements. La pellicule se poursuit par un voyage à Tunis puis en mer d'Iroise.

lundi 13 janvier 2020

La Révolution des horloges

Lorsque l'on étudie l'histoire de ses ancêtres ayant vécu sous la Révolution, on se confronte vite au Calendrier Républicain.

Ainsi de 1792 à 1806 les années sont numérotées de I à XIV, les mois portent des noms inspirés des saisons et des travaux agricoles (Vendémiaire, Brumaire, Frimaire, Nivôse, Pluviôse, Ventôse, Germinal, Floréal, Prairial, Messidor, Thermidor et Fructidor) et chacun d'eux est divisé en trois "décadis" de 10 jours qui tous reçurent le nom d'un légume, d'un animal ou d'un outil agricole (raisin, safran, châtaigne, colchique, cheval, balsamine, carotte, amaranthe, panais, cuve....). Un ancien billet avait été consacré aux prénoms révolutionnaires issus de ce calendrier.

Mais si le décret du 24 novembre 1793 (ou 4 frimaire an II puisque c'est désormais ainsi qu'il faut le nommé) met en place ces nouveaux noms de jours et de mois, il crée aussi une nouvelle façon de compter les heures et les minutes !

L'article XI du décret précise en effet : "Le jour, de minuit à minuit, est divisé en dix parties ou heures, chaque partie en dix autres, ainsi de suite jusqu'à la plus petite portion commensurable de la durée. La centième partie de l'heure est appelée minute décimale ; la centième partie de la minute est appelée seconde décimale".

En clair : la journée est divisée en 10 heures, chaque heure est divisée en 100 minutes décimales qui elles mêmes sont divisées en 100 secondes décimales.

La journée commence à minuit (qui comme sous l'Ancien Régime se trouve au milieu de la nuit !), à 5 heures il est midi et à 10 heures il est de nouveau minuit : une autre journée commence.

Sur ce cadran d'horloge révolutionnaire décoré d'une allégorie de la républicaine, on voit bien la graduation des heures de 1 à 10 et celle des minutes de 1 à 100.
 
De nouvelles pendules, montres ou cadrans solaires furent créés. Beaucoup affichent une double graduation (un cercle, souvent à l’intérieur, gradué de 1 à 10 et un second, souvent à l’extérieur gradué de 1 à 24) permettant ainsi la coexistence des deux systèmes.
 
Ce cadran présente une double graduation : de 1 à 10 et de 1 à 100 pour les heures et les minutes du nouveau système et de 1 à 24 et de de 1 à 60 pour les heures et les minutes de l'ancien système. A noter que la petite aiguille pour satisfaire au nouveau système ne fait qu'un seul tour de cadran par jour, ce qui implique une numération de 1 à 24 et non plus de 1 à 12 pour les heures de l'ancien système.

Ce type d'horloge décimale est cependant extrêmement rare car l'expérience ne fut que de courte durée. Elle ne dura en effet qu'un an et demi sans que son utilisation ne réussisse à s'imposer.